Etape 53-Orléans - Etape finale.
Tailler la route, tel un Kérouac en bois, c’est bien mais Madame Meepouic commence à sentir le temps long, seule qu’elle est avec les petits. Il est temps que cela s’arrête. Me voilà enfin au centre de la France. Orléans. Ce nom raisonne étrangement dans mon esprit. Comme si cette arrivée était paradoxalement la source de mon départ.
Orléans, petite bourgade bourgeoise, tranquille, qui doit sa liberté retrouvée aux voix divines entendues par une pucelle. Johanne, la Jeanne comme on dit par ici quand les fêtes johannique ne représentent que problèmes de stationnements et survol de la ville par les transals de la base militaire. La bergère trône au centre de la ville, montée sur un cheval à l’allure aussi fière qu’une brouette de fumier.
La Jeanne, petite vierge gardant des moutons que des voix qui n’avaient rien de mieux à faire sont venues chatouiller.
La jeanne, jeune innocente schizophrène qui entraina à sa suite des crédules aveuglés par une foi sourde.
La jeanne, jeune pisseuse qui s’agenouilla devant le roi sans, soit disant, le connaître.
La jeanne, jeune fougueuse simple gardienne de moutons se retrouvant à monter comme un guerrier de Saint Cyr pour aller bouter les anglais hors de France. Hu dia la Johanne. Frappe. Trucide. Dieu est avec toi. Libère Orléans. Massacre l’angloys, honte de la création.
Mais tu ne tueras points avait dit ton patron. Et paf, te voilà dans la prison, sans toucher 20000. Elle est belle l’innocence, ma Johanne.
Tout ça pour finir le feu au cul. A ton âge. Quelle récompense mon abbé. Quelle odeur mon cochon. Pas trop cuite ta foi ?
Mince, je m’emballe sur l’histoire, alors que la mienne revient. Oui. Cette tête là, sur le kakemono, c’est celle de mon tee-shirt. Mais… Mais… Poil de culs et mange carotte, je me souviens maintenant. Tout est partis de là, de Tric Trac. L’officine. L’antre.
Allez un tour rapide l’air de rien, un jour de tournage. De éditeur, des jeux, des caméras, des appareils photos bourrés d’électronique…. Et une.
Et deux.
Et trois.
Le pied. Des avants premières, des protos, des trucs inédits qui déchirent le slip…
Et enfin, j'ai pu rencontrer le maitre des lieux. Il a pas l'air commode vu comme ça, mais en fait il était aussi ému que moi quand on s'est serré la patte pour la première fois. Forcement, deux légendes dans un même lieu, ça aura le mérite de rester dans l'histoire.
Avec toutes ces émotions, ça serait dommage de s'arreter là. Pincez-moi mon ridicule petit bras en bois que je me réveille… Bon, c’est décidé, je pars faire le tour du monde. C’est Madame Meepouic qui va faire la gueule.
Marcel, à suivre...